Plutôt que de suivre les sentiers battus de l’industrie musicale, certains passionnés de musique choisissent un chemin moins conventionnel : l’ethnomusicologie. Cette discipline, à la croisée des sciences humaines et de la musique, ouvre des horizons insoupçonnés. Elle permet d’explorer la musique sous ses multiples facettes, en tant que phénomène culturel, social et historique. Les ethnomusicologues s’immergent dans diverses cultures pour comprendre et documenter les traditions musicales. Leur travail dépasse la simple performance, incluant recherche, enseignement, conservation et parfois même la participation à des projets de développement communautaire. Les débouchés sont variés, allant de l’académie aux organisations non gouvernementales.
Explorer l’ethnomusicologie : une carrière hors des sentiers battus
L’ethnomusicologie, terme encore méconnu du grand public, désigne l’étude de la musique dans son contexte culturel, souvent loin des projecteurs de la musique classique occidentale. Laurent Aubert, figure emblématique de cette discipline, illustre parfaitement la richesse d’un tel parcours. Ancien conservateur au Musée d’ethnographie de Genève et fondateur des Ateliers d’ethnomusicologie, il a su mettre en lumière les musiques traditionnelles et les musiques du monde, notamment celles de l’Inde, du Kerala au Cachemire.
L’emploi ethnomusicologue ne se cantonne pas aux frontières d’un musée ou d’une salle de concert. Il s’étend au terrain, là où la musique se vit et se transmet de génération en génération. Les Ateliers d’ethnomusicologie, par exemple, organisent des saisons de concerts et des stages, permettant ainsi de partager les fruits de recherches approfondies avec un public plus vaste. Ces initiatives, pérennes depuis plus de vingt-cinq ans, témoignent de la vitalité et de l’engagement nécessaire à la diffusion des patrimoines musicaux.
Les travaux de Laurent Aubert, notamment à travers la publication des Cahiers de musiques traditionnelles, sont devenus un point de référence pour les chercheurs et praticiens en ethnomusicologie. Ces écrits, par leur rigueur et leur ouverture, ont contribué à établir la discipline comme une voie professionnelle légitime et captivante, offrant aux futurs ethnomusicologues un modèle de carrière dédié à l’exploration et à la valorisation des diversités musicales.
Les débouchés professionnels en ethnomusicologie
L’éventail des débouchés professionnels en ethnomusicologie est aussi large que la diversité des musiques étudiées. Les ethnomusicologues peuvent s’orienter vers la recherche académique, contribuant au corps des connaissances avec des études pointues et des publications dans des revues spécialisées. Ce travail essentiel ouvre des portes vers l’enseignement universitaire, où partager son expertise devient le quotidien. Mais le terrain reste la première scène de l’ethnomusicologue, là où la musique est vécue, là où elle prend racine. La collecte de données, l’enregistrement de performances musicales et la participation à des projets collaboratifs avec les communautés locales constituent une part fondamentale de leur métier.
Au-delà de l’académie, les perspectives s’élargissent vers les secteurs culturels et créatifs. Les ethnomusicologues, forts de leur compréhension profonde des contextes musicaux, s’avèrent être des médiateurs culturels recherchés. Ils travaillent au sein de musées, comme ceux de Genève ou de la Haute-Savoie, où ils conçoivent des expositions et des programmes éducatifs, ou contribuent à préserver et valoriser les archives sonores. Les organisations non gouvernementales et les institutions internationales, engagées dans la préservation du patrimoine immatériel, recrutent aussi des ethnomusicologues pour leur capacité à analyser et documenter les pratiques culturelles.
La frontière entre l’ethnomusicologie et les industries musicales s’amenuise lorsque l’on considère le rôle des ethnomusicologues dans la production et la diffusion de la musique. Ils peuvent devenir producteurs de festivals, organisateurs de concerts, ou même agents artistiques pour des musiciens spécialisés dans les musiques traditionnelles et du monde. Leur connaissance approfondie du sujet permet de créer des événements qui sont à la fois authentiques et accessibles au grand public. Les opportunités se dessinent aussi dans le journalisme musical, où la critique et la promotion des genres moins connus demandent une expertise que l’ethnomusicologue est particulièrement qualifié pour offrir.